«Je me sens jeune, très jeune. C’est la raison qui me pousse à écrire. D’autant plus que ma jeunesse est pleine de souvenirs. Et ce n’est pas contradictoire.»
Ces quelques lignes écrites par Jacques Lusseyran quand il s’installe comme professeur en Virginie disent beaucoup : aveugle accidentellement dès l’enfance, il participera pourtant à la Résistance, sera un enseignant charismatique, connaîtra une vie amoureuse intense. Jérôme Garcin retrace la vie de cet homme qui éprouva la cécité comme une grâce et chercha à être heureux, quoi qu’il arrive.
Ceci est la version collège, mais ne fuyez pas car je n’ai pas lu toutes les notes et ne compte pas les commenter. Désolé pour le collégien qui espérait faire l’économie de son devoir après avoir tapé le titre dans son moteur de recherche favori.
De Jérôme Garcin, je connais surtout l’homme de radio. J’avoue que j’ai été pris immédiatement par ce livre. Il y a une grâce et une légèreté empreinte d’une mélancolie dans cet ouvrage biographique.( voici que je parle comme les commentaires des pages études…) Est-ce le personnage choisit ? Ou alors le style de Garcin ? Le tout est que ce bref essai rend un magnifique hommage à un homme que la vie n’avait pas épargnée. Quelqu’un avec peu de colère, de l’humanisme, et une soif d’avancer. Bon, ce n’est pas un feelbook non plus, hein !
« On me dit que j’étais aveugle: je n’en fis pas l’expérience.J’étais aveugle pour les autres. Moi je l’ignorais, et je l’ai toujours ignoré, sinon par concession envers eux. « Plus tard, il dira : » Je ne me voyais plus avec les yeux de mon corps, je voyais avec les yeux de mon âme. »
Au lendemain de la guerre, on a souvent demandé à Jacques Lusseyran pourquoi, si tôt et si vite, il s’était engagé dans la Résistance. Tout aurait dû en effet l’en dissuader. Il était aveugle. Il habitait chez ses parents. Il avait encore l’age d’étudier et l’ambition d’obtenir les plus prestigieux diplômes. Il éprouvait une vraie fascination pour la culture et la langue allemande, que sa famille partageait. Et il n’était même pas nationaliste. Alors quoi ? Il y a simplement qu’il vécut la défaite de la France en cinq semaines et son occupation par les nazis comme un nouvel accident, un autre traumatisme. Neuf années après avoir perdu la vue, il perdait en effet son pays. C’était comparable, selon lui, à une seconde cécité : » Après la lumière extérieure, on m’ôtait la liberté extérieure. J’avais retrouvé la lumière intacte, augmentée, au fond de moi. Cette fois je voulais retrouver la liberté toute aussi présente et exigeante. J’ai su qu’une deuxième fois le destin attendait de moi le même travail. Car j’avais appris que la liberté, c’est la lumière de l’âme. Il n’y a pas d’autre cause à mon engagement dans la Résistance. »
Il est toujours bon de savoir qu’il y a à un moment dans notre Histoire, des héros, des résistants, et qui s’ils ne sont pas exempts de reproches comme dans leur comportement avec les femmes, ils aident à bâtir un monde meilleur que d’autre vont tenter de redémolir quelques années plus tard. Je ne sais si ce livre aura du succès dans le secondaire, mais avec Galadio de D. Daeninckx, voici des ouvrages qui peuvent ouvrir des horizons et des réflexions.Ce n’est ni long ni barbant, bref c’est très fortement conseillé .