Où l’on retrouve Mc Cash, ancien flic, ancien toxico, ancien privé, avec sa fille qu’il vient de sortir de l’orphelinat. Caryl Férey renoue avec le polar simple, récréatif comme il le qualifie lui même, voir alimentaire, mais en le teintant ici de problématique politique actuelle.
Il est ici question des migrants, de passeurs et de guerres proches, mais aussi de conflits internes entre Mc Cash et son passé, de l’exercice de la paternité, de misanthropie et d’amitié. Sinon Férey ne serait plus Férey .
Alice, c’est son nom, est la fille que ce nul en gosse a sorti de son orphelinat. Les voici partis pour leurs premières vacances. Pas n’importe où. En Bretagne, le pays où il ne pleut que sur les cons, mais faut croire qu’il y en a beaucoup dans les parages.Et voilà qu’arrive une mauvaise nouvelle. Marco, son frère en piraterie, juriste de profession, est porté disparu, probablement abordé par un navire poubelle comme il y en a tant sur les mers et les océans. Marco qui laisse une femme et une enfant, plus une famille traditionaliste qui n’aimait pas trop ces derniers. Il faut dire que lui était riche mais qu’elle est une travailleuse sociale, militante associative et noire de surcroît. Et là tout se complique car cette femme est aussi la sœur de l’ex femme de Mc Cash qui n’est pas la mère d’Alice, mais le seul grand amour du borgne. Angélique, volcan jamais éteint, plaie dans le cœur de notre héros. Angélique qui était aussi à bord du bateau que son ami était allé chercher en Grèce.
Commence alors pour Mc Cash une quête de la vérité, mais aussi des survivants car celui qui à éperonné le navire ne l’a pas fait par erreur. Pourquoi son ami, excellent marin se serait laissé piéger ? Quel rapport avec des trafiquants d’êtres humains, les mafias grecques et turques voir albanaise ? Sans compter que mener une enquête avec une enfant dans les pattes et un œil de plus en plus incertain quand l’autre ne vaut plus rien, voilà qui risque d’être compliqué. Il vaut mieux éviter un retour à l’orphelinat pour Alice mais pour cela il faut rester en vie, ce qui n’est pas dans la façon de mener une enquête pour notre détective nihiliste.Finalement, il aura un cœur comme tout le monde ou presque, tout le monde, ou presque .
Plus récréatif, moins noir, parfois un peu simpliste dans son intrigue, mais toujours juste dans ses combats, Caryl Férey nous livre un roman agréable. Ainsi, les mécanismes de la dette grecque et de se qui s’est joué au moment de la crise grecque sont très bien montrés. C’est un peu plus léger sur les turques et les albanais mais bon, on ne peut pas être docte sur tout. Personnellement, j’ai préféré celui ci au dernier « Condor » dont certains moments traînaient en longueur et d’autres au contraire auraient mérité un peu d’explications.