Benignae, c’est ainsi qu’il les appelait – les « bienfaisantes ». Faisant de leur nom un synonyme de bonté et d’humilité, et de leur Ordre celui l’amour.
Ayant découvert l’existence des Béguines lors d’une visite à Bruges, l’idée d’en savoir un peu plus sur leur histoire et le fait d’apprendre qu’en plein cœur du Marais avait existé un béguinage me plaisait assez. Je me suis lancé dans cette histoire avec en tête les rois maudits, allez savoir pourquoi puisqu’il n’y a ici que trois cents pages.
L’auteur nous plonge donc dans le Moyen Age de Philippe Le Bel en commençant par la quasi fin de l’histoire avec un bûcher et une femme dessus. Sans compter une rousse prénommée Maheut. Tiens, maintenant que j’y pense c’est peut être de là que vient mon identification avec les rois maudits.
Toute la problématique tient dans les lignes suivantes. « Depuis qu’elles ont commencé à paraître au cœur des grandes cités, toujours plus visibles dans leur solitude, ces soeurs béguines sont accompagnées d’une odeur de soufre. Moquées, soupçonnées d’hypocrisie, accusées de changer de statut à leur convenance. La vieille femme n’a pas oublié le cruel Dit des Béguines de Rutebeuf, que certains chantent encore: «Tantôt elle est Marthe, tantôt elle est Marie / tantôt elle se garde, tantôt elle se marie.» Les plaintes du franciscain Gilbert de Tournai proclamant qu’on ne savait, à cause de leur mode de vie, comment les situer, s’il fallait les appeler séculières ou moniales ».
Si l’auteur nous montre bien que le Moyen Age n’est pas le lieu d’obscurantisme que l’on se plaît à nous apprendre parfois,elle nous décrit le contexte et ce besoin des hommes et de la religion d’affirmer leur pouvoir. En revanche, comme nous sommes dans le roman, je suis resté sur ma faim concernant les béguines « histoire faits et connaissances approfondies. »
De même cette fichue analogie avec les rois maudits me laisse à penser que ce livre manque un peu de souffle épique. Ce n’est pas faute de lorgner un peu ( très modestement) sur le nom de la Rose avec la recherche d’un texte interdit par l’église ( enfin celle des hommes).D’y mettre un peu de romantisme, voir de piment avec des relations condamnables pour l’époque ( quoique).
Bref, j’attendais peut être un peu trop d’un livre que j’ai lu sans déplaisir, relativement vite, mais qui me laisse avec un sentiment d’inachevé à tous les niveaux.